dimanche 18 mai 2014

Festival de Cannes 2014 : Saint Laurent


La montée des marches est l'évènement le plus prestigieux qu'il est donné de faire pendant le Festival de Cannes. Cette année, la ville de Cannes m'a permis d'assister à la projection officielle du film de Bertrand Bonello : Saint Laurent, en me tirant au sort parmi les résidents inscrits.


J'ai choisi pour assister à cette séance mon amie Margaux, qui n'a jamais eu l'occasion de fouler le tapis rouge et qui par sa famille est très liée à l'histoire de YSL. C'est donc sur notre 31, que nous nous sommes rendus à cet évènement fabuleux. Un soleil de plomb, pas un seul nuage (les journées du festival sont réputées pour être entrecoupées d'épisodes pluvieux...). La ville était bondée, on se fraye un chemin jusqu'à l'accès des marches. Mieux vaut arriver en avance, car par expérience, la place n'est pas garantie, priorité aux célébrités.

Quelques selfies sur le tapis rouge, puis on monte s'installer dans la salle.
Puis on observe sur l'écran géant du Grand Théâtre Lumière la montée des stars, on s'adonne alors à un jeu de critiques :
— Tu as vu, elle a une robe verte Léa Seydoux.
— Ça porte malheur au cinéma, non ?
— Oh! Eva Longoria, qu'est-ce qu'elle est belle, ça fait quelques années qu'on l'a pas vu ici.
— Par contre elle prend un peu trop son temps...
— Magnifique brushing et son maquillage est irréprochable à celle là, mais qui est-ce ?
— Ah ben en fait c'était pas une actrice, regarde elle vient s'installer à côté de nous.

Une fois tous les people confortablement installés, la séance commence avec le générique du festival sur l'emblématique Aquarium de Camille Saint-Saëns. Silence, ça commence, c'est parti pour 2h30 de film.



Je n'ai pas vu Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, sorti quelques mois plus tôt. Je ne peux donc pas faire de comparaison et d'après ce que j'ai entendu dire il n'y a pas matière à s'adonner à cet exercice.
Je vais tenter de vous dépeindre brièvement mes impressions.

Nous sommes tout de suite immergés dans l'univers des années 60-70 peu après la création de la célèbre Robe Mondrian. Le décor est on ne peut mieux vintage, dans l'esprit pop-art avec cette volonté de renaissance post guerre bercée par la nostalgie du "plus jamais ça" qui avait échoué...
On est en pleine révolution culturelle, avec l'émergence des années Disco, Mai 68, la naissance de Chez Régine...

Saint Laurent va être un des acteurs majeurs de ces folles années, où la liberté prend le pas sur les bonnes moeurs d'un autre temps.  On verra notamment son choix d'émanciper la femme en modernisant sa garde robe, ainsi que sa boutique de prêt-à-porter : Saint Laurent Rive Gauche qui brise une fois de plus les codes.

D'autre part Bonello ne s'attarde pas trop sur la technique et le génie créatif, mais plutôt sur le profil psychologique du protagoniste. Par le jeu exceptionnel de Gaspard Ulliel, on oublie l'acteur pour se concentrer sur le jeune créateur perdu entre son intelligence, ses sentiments et ses démons. Le film est rythmé d'ellipses et de flashbacks, à la manière de Proust, où tout souvenir se manifeste dans l'instant présent. Du maroc à Paris, pendant que l'homme d'affaire Pierre Bergé (Jeremie Renier) semble se soucier plus de son portefeuilles et de son propre coeur, Yves s'amuse et s'évade. On le voit progressivement plonger dans l'alcool, la drogue et le libertinage. De cet épisode nait une histoire d'amour entre lui et l'amant morbide de Karl Lagerfeld : Jacques de Bascher (Louis Garrel). Il est fréquent d'aimer ceux qui nous détruisent...

Mais la beauté du film est cette association bien réelle entre drogues et intelligence, comme un outil pour s'abrutir et se mettre au niveau d'autrui. C'est le prétexte du génie pour expliquer son talent. Il s'agit d'une manière de se déshiniber, de lutter contre ses blocages et ses souffrances pour au final s'auto-détruire.

Par chance, il était bien entouré, entre son amie et mannequin Loulou De la Falaise (Léa Seydoux) et sa directrice de studio Anne-Marie Muñoz (Amira Casar), elles le comprennent et l'accompagnent quand Bergé l'abandonne et lui ajoute une pression. Malgré l'absence de long dialogue entre lui et ses fidèles amies on ressent cette proximité.

Le film se clôture entre passé (Il essaye), présent (YSL) et futur (Il est Seul) sublimé par son célèbre Ballets Russes...


On ne connaitra donc jamais la véritable histoire d'amour entre Yves et Bergé, mais une chose est sure, c'est que le film de Bonello est pour moi un défilé des réminiscences d'un génie créateur, un chef d'oeuvre.

En espérant qu'il obtienne une distinction, on se donne rendez-vous le 1er octobre 2014 pour sa sortie en salles.

Nicolas-F

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